L’Atelier-musée du tisserand et de la charentaise retrace l’histoire de l’activité textile du Périgord-Limousin, berceau de la pantoufle « Charentaise ». Il expose des créations textiles contemporaines, gérées par l’association Fils et Métiers et est le cœur historique du Marché des tisserands de la Pentecôte…
Tous les savoir-faire textiles régionaux, du travail du chanvre et de la laine à la technique du cousu-retourné des charentaises sont présentés.
La maison du tisserand de village au XIXème siècle rappelle qu’ici, on était bien souvent à la fois tisserand, fileur et agriculteur. Plus tard, à la fin du XIXème et surtout au début du XXème siècle, l’industrie gagne le pays : des usines se créent.
Elles fournissent le feutre aux papeteries d’Angoulême, puis aux pantoufliers du pays. Certaines utilisent l’énergie hydraulique des moulins, d’autres, plus rapidement, s’équipent de turbines électriques…
Les salles du château, aux noms des nombreuses usines locales, rappellent ce riche passé textile de la région : filature et son laboratoire, machines à découper et à coudre les célèbres “charentaises”.
La “Charentaise”
De l’agriculture traditionnelle à la spécialisation artisanale.
A l’écart des grandes voies de communication, le Haut-Périgord a vécu longtemps replié sur lui-même. Les agriculteurs cultivent le blé avec lequel ils fabriquent leur pain, élèvent leur « goret » (cochon) pour la viande, font pousser du chanvre pour confectionner cordes et draps, élèvent des moutons pour la laine. Une race ovine y est même inventée : la charmoise. A Nontron, bien plus tard, une usine de pantoufles portera ce nom.
Au XVIIIème siècle, sous l’influence de l’activité économique qui se développe autour de l’arsenal de Rochefort, un certain nombre de paysans se spécialisent. Ils deviennent cordiers (et complètent ainsi la production de la Corderie Royale), tisserands (draps et voiles), feutriers (uniformes) ou travaillent pendant l’hiver aux Forges à canons du pays (Javerlhac, La Mothe, Etouars, Ruelle, …).
Les feutres pour papeterie : l’industrie aux champs
A la fin du XVIIIème siècle et au XIXème, une deuxième influence se fait sentir : l’activité papetière autour d’Angoulême se développe. Elle entraîne dans son mouvement les petits artisans tisserands et feutriers qui se modernisent et créent les premières usines à feutres pour papeterie. Les ouvriers sont des paysans qui y travaillent à l’occasion.
Parallèlement se créent les premiers ateliers de pantoufles (1880-1910) qui vivent de la récupération des feutres pour papeterie usagés ou non utilisés.
La pantoufle charentaise : le troisième souffle
Au début du siècle, les ventes de pantoufles augmentent considérablement. Les fabriques de feutre pour papeterie se mettent à produire spécialement du feutre pour pantoufles. La « Charentaise » est née. Elle fera la richesse du Haut-Périgord jusqu’à la crise des années 70.
La « Charentaise » aujourd’hui
En 1960, plus de 70 entreprises produisent des charentaises autour de Nontron. Presque toutes les communes du Nontronnais possèdent un ou plusieurs ateliers (33 ouvrier(e)s à Varaignes). Dès les années 1970, les balbutiements de la mondialisation, entraînent concentration des capitaux, ouverture des marchés, délocalisations dans le « tiers monde », concurrence asiatique, … le petit patronat pantouflier local ne peut résister.
Aujourd’hui les ateliers de cousu-retourné de « charentaises » en feutre de laine se comptent sur les doigts d’une main. Les entreprises d’articles chaussants qui ont survécu ont dû diversifier leur production : chaussures de sports, d’escalade, mules, … et suivre la mode. Le cousu-retourné a été souvent remplacé par le soudé, le vulcanisé, l’injecté, … de matières synthétiques.
La charentaise : Etapes de fabrication